D'après la tradition, après la fondation de Carthage en 814 av. J.-C., des marchands puniques se dirigent vers l'extrême Occident, et passent les colonnes d'Hercule vers la côte atlantique méridionale pour y installer des échelles, des comptoirs. Ils y nouent des contacts commerciaux avec les populations indigènes, ainsi que le décrit Hérodote
Plusieurs chercheurs3 identifient l'île de Kernè (ou Cerné) décrite dans le Périple du général et navigateur carthaginois Hannon, probablement au VIe siècle av. J.-C., à l'îlot au large d'Essaouira4. Certains évoquent la fondation d'une colonie - ou le peuplement d'une colonie préexistante - par le général carthaginois, dès cette époque : protégé des alizés et riche en eau potable, elle pourrait avoir servi de poste avancé sur la route du Cap-Vert et de l'Équateur.
L'archéologie atteste, en tout état de cause, d'une présence phénicienne remontant au milieu du viie siècle av. J.-C. sur l'îlot de Mogador, constituant la position la plus méridionale phénicienne actuellement trouvée3. C'est sur cet îlot distant d'un kilomètre de la ville actuelle qu'une campagne de fouilles sur la partie est a mis au jour différentes strates d'occupations, phénicienne, berbère puis romaine. La strate phénicienne, qui est composée d'un petit établissement d'un hectare, a livré parmi de nombreux fragments de vases et de tessons phénico-chypriotes et grecs5, un vase portant des graffiti qui constituent la plus ancienne inscription phénicienne trouvée au Maroc3 ; les fouilles révèlent un habitat sommaire qui pousse les chercheurs à envisager une occupation saisonnière et précaire du site dans ce « comptoir extrême »6 ni base permanente, ni simple escale5.
Le site semble avoir été abandonné à la fin du vie siècle av. J.-C., puis à nouveau sporadiquement fréquenté aux cours des ive et iiie siècle av. J.‑C avant de retrouver une occupation régulière à partir du règne de Juba II dans les dernières décennies du ier siècle av. J.-C