Tout d'abord on doit s'interroger sur la genèse de ce territoire situé sur une aire géographique qui échappe au contrôle de tout Etat central. Les conditions d'existence d'un espace territorial impliquent l'organisation d'un pouvoir, d'une force sociale suffisante pour assurer le contrôle effectif de cette portion d'espace. Sans contrôle de l'espace, on ne peut parler de territoire. Le seul fait qu'un groupe humain habite une région et l'exploite n'est pas en soit déterminant,
Or, dans le cas du Sahara occidental, qui est, a-t-on dit, un milieu pastoral saturé, l'accès aux ressources ne saurait être libre et indifférencié entre les pasteurs. Les rapports de forces jouent en permanence. Le contrôle de l'espace est donc une des premières conditions de la vie sociale. Car qui dit contrôle dit sécurité, partant, possibilité pour la production de se développer et pour les groupes sociaux de satisfaire leurs besoins élémentaires, donc d'exister.
Ceux qui n'ont pas les moyens politiques et militaires de contrôler leur espace pastoral sont dominés par d'autres et sont contraints soit de se soumettre (remettre une partie de leur production aux groupes dominants, renoncer à la priorité d'accès aux ressources pastorales, ce qui peut mettre la survie des familles en danger les mauvaises années) soit de s'exiler.
Cette situation oblige donc les individus à former des groupes politiques dont le premier objectif est la constitution et le maintien d'un territoire pastoral. Mais ces groupes sont forcément limités car, au-delà d'un certain nombre d'individus, et compte tenu de l'absence d'organisation étatique, les liens politiques cessent d'être opérationnels si le réseau est trop vaste.
Les groupes tendent donc toujours à s'élargir, pour se renforcer et, en même temps, ils se défont d'eux-mêmes, en tant que réseaux politiques, dès qu'ils dépassent un certain seuil.
On ne saurait définir avec précision le seuil au-delà duquel le groupe n'est plus viable en tant qu'unité politique. Il varie selon les lieux et les époques.
Le Sahara n'a pas toujours été un désert. Dans ce pays aujourd'hui flétri et désolé, des périodes de sécheresse et d'humidité se sont succédées au fil du temps.
Ainsi, entre 5000 et 2500 av. J.-C., les régions ouest du Sahara étaient une savane peuplée de girafes, d'éléphants, et de rhinocéros, comme en attestent les dessins rupestres de l'époque néolithique découverts par les archéologues au Sahara occidental et en Mauritanie.On sait très peu de choses des peuples qui ont dessiné ces animaux.
D'après les traditions locales, il s'agissait de Noirs appelés les Bafour. Mais les recherches archéologiques effectuées à l'époque moderne ont révélé que, si le sud et le centre de la Mauritanie étaient principalement habités par des populations noires à l'époque néolithique, les Blancs de souche "capsienne" et "ibéro-mauresque" dominaient en revanche plus au nord.
Quoi qu'il en soit, la période néolithique s'acheva par une catastrophe écologique, puisqu'à partir de la fin du 3e millénaire av. J.-C. la savane disparut en quelques siècles pour laisser place à un désert. L'élevage et l'agriculture qu'avaient pratiqués certaines peuplades du Sahara occidental à l'époque néolithique devinrent extrêmement précaires ; et si l'on en croit les récits traditionnels, les Bafour commencèrent alors à se réfugier dans les oasis ou à émigrer vers le sud.
Cependant, malgré l'hostilité grandissante du climat, de nouvelles vagues de migration eurent lieu au Sahara Occidental par le nord, au cours du 1er millénaire av. J.-C. Les nouveaux arrivants étaient des nomades berbères. On ignore encore les raisons pour lesquelles ils vinrent jusque là : peut-être pour échapper à des ennemis ou simplement pour chercher de nouveaux pâturages. Quoi qu'il en soit, ils avaient domestiqué le cheval et savaient utiliser le fer, ce qui leur donnait un net avantage sur les derniers représentants de la population néolithique. Toutefois, ils ne seraient probablement pas restés au Sahara, qui finit par devenir un véritable désert, s'ils n'avaient pas eu la chance de trouver le seul animal capable d'assurer la survie de l'homme dans ce climat, le chameau, qui arriva de l'est vers le 1er siècle av. J.-C.
Certains berbères du Sahara occidental se convertirent à l'islam, tout au moins superficiellement, au cours des IXe et Xe siècles, après les premières expéditions arabes au "Maghreb Extrême" le Maghreb al-Aqsa. D'après les historiens arabes du Moyen Age, Oqba ben Nafi, le gouverneur de l'Ifriqia (Tunisie) accrédité par l'empire ommeyade de Damas, fut le premier chef arabe à pénétrer au Maroc - dans les régions du Draa et du Sous situés au nord du désert - en 681.
Mais certains historiens modernes doutent qu'il soit allé plus loin que l'Algérie cntrale. Moussa Ibn Noussair qui fut nommé gouverneur de l'Ifriqia en 705, fut le premier Arabe à soumettre plusieurs partis du Maroc et en 711 il envoya par le détroit de Gibraltar une armée de Berbères qui vainquit les Visigoths et conquit l'Espagne au nom de l'islam. De fait, les Arabaes étaient moins attirés par le désert du Sahara, pays rebutant et hostile ; pourtant, l'un des derniers gouverneurs de l'Ifriqia, Abderrahman Ibn Habid aurait fait construire, en 745, une série de puits sur une piste reliant le sud du Maroc à la ville marchande d'Aoudaghost située au sud de la Mauritanie, de l'autre côté du désert.
En réalité, l'expansion progressive de l'islam au désert a sans doute été facilitée par l'apparition, aux VIIIe et IXe siècles, d'un commerce régulier et non plus sporadique, à travers le Sahara. Les principaux Etats arabes de la Méditerranée occidentale, l'Ifriqia et l'Espagne, avaient besoin de l'or de l'Afrique noire pour frapper monnaie et ils se faisaient concurrence en s'alliant à des tribus locales, pour contrôler les principales pistes caravanières.
Les tribus qui vivaient à cette époque à la ceinture ouest du Sahara descendaient des deux principaux peuples berbères d'Afrique du nord-ouest, les Zénètes et les Sanhadja.
Les premiers, pourtant nomades, s'étaient rendus maîtres des principales oasis et des centres marchands des parties nord du désert vers le IXe siècle. Au sud, en plein désert, les principales tribus nomades pratiquant l'élevage de chameaux étaient de souche sanhadja.
De tout temps, le désert fut un lieu de refuge ou de sanctuaire pour les peuples fuyant devant des tribus ennemies ou les exactions des sultans marocains. Réciproquement, la précarité des ressources pastorales du désert qui pouvaient rapidement s'épuiser en cas de sécheresse, entraîna des mouvements périodiques de contre-migration.
L'empire almoravide et le peuplement arabe du Sahara
L'empire almoravide s'étendait de Saragosse à la rivière Sénégal. Mais en réalité, il en était tout autrement. Il y avait en fait deux "empires". L'état fondé au Maroc par Youssef Ibn Tachfin ne contrôlait pas directement l'empire almoravide du Sahara et réciproquement, Abou Bakr n'avait aucune influence sur ce qui se passait au nord du désert.
Au Sahara, la fragile cohésion forgée par les dirigeants almoravides se dissolut très vite dans des conflits entre tribus après la mort d'Abou Bakr dans une bataille au Tagant en Mauritanie (1087).
Deux siècles plus tard, lorsque les Sanhadja du Sahara durent faire face aux premières invasions de tribus de bédouins arabes venues de l'autre bout de l'Afrique du Nord, ils furent incapables de former une
- arabe, berbère, et noire africaine à cause du métissage avec les esclaves et leurs descendants
- étaient des pasteurs-nomades vivant sur une vaste partie du Sahara,
de la rivière Draa au nord aux rives du fleuve Sénégal au sud,
et du rivage atlantique à l'ouest à une zone de dunes quasiment impénétrable.
La formation du peuple maure se fit selon un processus complexe d'interaction entre les Sanhadja et les Beni Hassan ;
elle dura plusieurs centaines d'années et fut souvent compliquée par les changements intervenant dans la région. Aux XVe et XVIe siècles, des voyageurs et des explorateurs remarquèrent que la langue znaga des Sanhadja étaient encore très largement répondue.
Le grand chroniqueur portugais du XVe siècle, Gomes Eannes de Azurara, notait que Joao Fernandes, explorateur qui avait voyagé avec des nomades dans l'arrière-pays saharien à partir d'un site côtier proche de Dakhla en 1445, avait remarqué que "l'écriture de ces gens et leur langue ne sont pas les mêmes que ceux des autres Maures ; mais ils appartiennent tous à la secte de Mahomet et on les appelle les Alarves, les Mazanegues et les Berbères.
Les diverses descriptions du Sahara occidental faites au cours du XIXe siècle permettent de brosser un tableau assez complet et précis de cette région et de ses populations à cette époque. A cet égard, cinq traits principaux se dégagent clairement et on peut préciser les rapports entre les nomades sahariens et le sultan marocain.
Tout d'abord, le Sahara occidental, c'est-à-dire la région comprise entre l'oued Draâ au nord et le cap Blanc et l'Adrar au sud, était habité par des groupes humaines différents, ayant une importance inégale et vivant dans des zones distinctes.
En 1821, Alexander Scott fut le premier à donner, en les déformant, les noms des diverses tribus ou fractions nomadisant dans cette région : les Reguibat, les Taoubalt, les Mejjat, les Izarguien, les Ouled Delim, les Arousien, les Ouled Tidrarin, les Skarna, etc.
Les listes de Léopold Panet en 1850 et du colonel Faidherbe en 1859 étaient moins longues et ne citaient que les principales tribus : les Ouled Delim, le Reguibat, les Arousien, les Ouled Bou Sba, ls Ouled Tidrarin, les Izarguien et les Mejjat.
Quelques années plus tard, Joachim Gatelle s'intéressait surtout aux tribus tekna au sud de l'oued Noun. En 1885-1886, les explorateurs espagnols fréquentèrent principalement d'une part les Izarguien et les Aït Moussa ou Ali dans la région du cap Juby, d'autre part les Ouled Bou Sba et les Ouled Delim dans le Rio de Oro et le Tiris.
Peu après, Camille Douls, qui avait séjourné chez les Ouled Delim, dressa une liste complète et détaillée des tribus nomades du Sahara occidental : il citait notamment les Izarguien, les Tidrarin, les Skarna, les Tadjakant, les Aït Oussa, les Reguibat, les Arousien, les Ouled Delim, les Mechdouf, les Ouled Bou Sba, les Ouled Sidi Mohammed et les Mejjat.
Ces tribus étaient d'origine différente. Les Reguibat, qui formaient deux grandes tribus (les Reguibat Sahel à l'ouest et les Reguibat Lgouacem ou Charg à l'est), descendaient des Berbères Sanhaja, qui étaient les habitants primitifs de cette région.
Les Berbères étaient également représentés par plusieurs tribus appartenant au groupe des Takna, notamment les Izarguien. La plupart des autres tribus descendaient des Arabes Maqil, venus au Sahara occidental au XIIIe siècle : il s'agissait surtout des Ouled Delim, des Ouled Tidrarin, des Arousien et des Ouled Bou Sba. Ainsi, les populations du Sahara occidental étaient organisées en tribus distinctes et présentaient une assez grande diversité.
Malgré cette diversité, ces populations avaient aussi de nombreux traits communs, s'expliquant par leur histoire, leurs contacts, la nature du pays et les conditions climatiques. Elles menaient un genre de vie pratiquement identique, fondé sur la nomadisation. Elles se déplaçaient constamment avec leurs troupeaux à la recherche de pâturages.
Elles avaient des activités économiques semblables : élevage, commerce, chasse ou pêche, parfois un peu d'artisanat et de culture. Il en était de même pour leurs coutumes, leur alimentation, leurs vêtements, leurs parures, leurs fêtes et leurs jeux (poésie, chants, musique, danse). Elles donnaient une instruction rudimentaire à leurs enfants, grâce à des maîtres (taleb) qui leur apprenait à lire le Coran et à écrire. Elles pratiquaient la même religion, l'islam, et y étaient très attachées. Elles parlaient la même langue, le hassanya, dialecte proche de l'arabe classique apporté par les Arabes Maqil.
Les tribus d'origine berbère, comme les Reguibat et les Tekna, s'étaient progressivement arabisées et avaient adopté le hassanya, tout en gardant une proportion variable de mots berbères. Ainsi, de nombreux éléments objectifs et concrets rapprochaient les divers groupes humains, au-delà de leurs différences, voire de leurs oppositions tribales. Au point de vue économique, social et culturel, ces populations avaient un mode de vie semblable et formaient donc un ensemble relativement homogène.
Chaque tribu (qabila) avait son organisation propre, comprenant habituellement des fractions (fakhd) et des sous-fractions (fara). A leur tour, celles-ci étaient réparties en divers campements (friq), qui comptaient plusieurs dizaines de tentes (khaima), abritant chacune une famille.
Au niveau de la tribu, de la fraction et de la sous-fraction, l'autorité s'exerçait par des chefs (cheikh) et des assemblées (djemaa). Mais il n'y avait pas de pouvoir supérieur organisé, commandant aux diverses tribus et les réunissant dans un ensemble structuré. Contrairement à ce qu'on dit parfois, l'Aït Arbaïn ou Conseil des Quarante, n'était pas une assemblée inter-tribale ou supra-tribale et ne représentait pas une autorité supérieure s'imposant à l'ensemble des populations. En fait, cette institution d'origine berbère était un conseil tribal se trouvant dans plusieurs tribus (notamment les Reguibat et les Izarguien) et se réunissant seulement dans certaines occasions.
Les seuls centres de pouvoir au Sahara occidental au XIXe siècle étaient, au nord, le petit Etat de l'Oued Noun, gouverné par la famille Beyrouk, et au sud, l'émirat de l'Adrar, contrôlé par la puissante tribu des Yahya ben Othman. La vaste zone située entre les deux n'était soumise à aucun pouvoir constitué, malgré l'émergence de l'autorité de Ma el Aïnin dans la Seguiet el Hamra à la fin du XIXe siècle. Elle se trouvait donc dans une véritable situation d'anarchie, au sens étymologique du terme. Cela était dû principalement au caractère presque désertique de cette région, à la vie constamment nomade de ses populations et à l'absence totale d'oasis et de villes.
Les tribus ne vivaient pas isolées dans leurs zones respectives. Elles avaient entre elle des relations de voisinage, surtout quand elles nomadisaient. Il existait aussi des rapports hiérarchiques, car certaines étaient soumises à d'autres et leur payaient un tribut (horma ou debiha) en échange de leur protection.
Ainsi, les Oouled Tidrarin étaient tributaires des Ouled Delim et les Mejjat, des Izarguien. En revanche, les tribus chorfa, qui descendaient (ou prétendaient descendre) du prophète Mahomet, gardaient leur indépendance : c'était le cas, par exemple, des Reguibat Lgouacem et des Arousien. Mais, en raison de l'absence d'un pouvoir supérieur et de la grande pauvreté du pays, c'était souvent la violence qui dominait les rapports entre ces populations. Certaines tribus -dites guerrières - s'imposaient par la force à leurs voisines plus faibles et pratiquaient couramment la razzia comme moyen de subsistance. Les rivalités et les luttes entre tribus, fractions et sous-fractions étaient continuelles. Les caravanes étaient souvent attaquées et dépouillées, à moins de payer pour être protégées.
A cet égard, les Ouled Delim et les Reguibat avaient une solide réputation. Alexander Scott soulignait les luttes fréquentes entre les tribus : celle à laquelle il appartenait se battait souvent avec d'autres et faisait périodiquement des expéditions de pillage ; il affirmait que les Mejjat et les Izarguien étaient toujours en guerre avec les Ouled Delim. Léopold Panet présentait les Reguibat comme une tribu guerrière, se livrant habituellement au pillage et à la razzia. Le colonel Faidherbe soulignait aussi le caractère particulièrement belliqueux des Ouled Delim, qui rançonnaient les caravanes ou les escortaient moyennant salaire ; il notait également que les Reguibat étaient en guerre avec les Tadjakant et que les Ouled Bou Sba se battaient entre eux. Julio Cervera confirmait la réputation de voleurs et de guerriers des Ouled Delim et leur domination sur les tribus des Tidrarin et des Arousien.
De son côté, Camille Douls racontait l'attaque d'une caravane de Tidrarin par un groupe d'Ouled Delim en 1887. Ainsi, l'existence d rivalités et de luttes constantes entre les tribus ou les fractions était un trait dominant, souligné par de nombreux témoignages.
Enfin, les populations du Sahara occidental se montraient très attachées à leur indépendance et à leur liberté, comme le relevaient aussi beaucoup de voyageurs, ce qui s'expliquait à la fois par leur genre de vie et leur fierté naturelle. Malgré leur organisation sociale, elles rejetaient toute autorité contraignante et ne reconnaissaient comme chefs que Dieu et Mahomet. Elles pratiquaient une démocratie très poussée, les décisions étant prises en commun et supposant l'accord de tous. Charles Cochelet soulignait l'entière indépendance des Ouled Delim, qu'il avait fréquentés.
De son côté, James Riley écrivait à propos de l'Arabe du Sahara, qu'il a bien connu : "Il est fier de pouvoir maintenir son indépendance, quoique sur un désert affreux, et il méprise ceux qui sont assez vils et assez dégradés pour se soumettre à aucune autre puissance qu'à celle du Très-Haut ; il marche la tête haute, maître unique et absolu de tout ce qu'il possède, toujours prêt à le défendre". De même, Francisco Quiroga notait "l'indépendance presque sauvage" de ces populations et leur refus de toute autorité, notamment celle du sultan marocain ; il rapportait que les Maures lui avaient dit très souvent que "l'Arabe du désert n'a pas d'autres chefs qu'Allah et Mohamed". Camille Douls écrivait également à propos des "Maures nomades" : "ils sont indépendants et ne reconnaissent aucune autorité effective". Ce goût des nomades sahariens pour la liberté et l'indépendance marquait leurs rapports internes et leurs relations avec l'extérieur, notamment avec le sultan du Maroc.
SAHARA OCCIDENTAL enjeux d'une guerre du désert
Dans cette société de pasteurs du désert, le chameau était évidemment primordial pour la survie. Avec un estomac pouvant contenir deux cent cinquante litre d'eau, le chameau peut voyager sans boire cinq jours durant pendant les jours les plus chauds de l'été, ou sept jours en hiver si les pâturages sont abondants. Il est capable de parcourir soixante kilomètres par jour, avantage considérable étant donné la rareté et la dispersion des pâturages. Le chameau était également une excellente bête de charge, tant pour les migrations des nomades que pour le transport de marchandises sur de longues distances, puisqu'il peut porter jusqu'à 150 kilos.
Les nomades utilisaient ses poils pour fabriquer leurs tentes (khaimat) et la peau pour faire du cuir. Quant au lait de chameau - une femelle en produit environ 6 litres par jour et jusqu'à douze litres pendant les six mois d'allaitement - il constitue l'élément de base de l'alimentation des nomades. Le chameau était également une très bonne monture de combat, une monnaie d'échange, et, en plus du sel extrait dans les sebkhat sahariennes (salines), le principal "produit d'exportation" des nomades. Les nomades élevaient aussi des chèvres dont ils utilisaient le lait, la viande, la peau et les poils.
Les produits fournis par les chameaux et les chèvres ne suffisaient pas à couvrir les besoins des nomades. Ainsi, fréquentaient-ils les centres marchands tels que Tindouf et Goulimine, au nord du Draa, pour y échanger leurs chameaux, ou leur laine et leurs peaux, contre des "marchandises d'importation" comme des céréales, du thé, du sucre, des armes et autres produits manufacturés.
Ils participaient aussi, en tant que guides, escorteurs ou commerçants indépendants, au commerce caravanier sur de longues distances qui, selon les époques, transportait des biens précieux tels l'or, les esclaves, les plumes d'autruches et la gomme arabique, de la savane et des forêts au sud du Sahara aux marchés du Maghreb et d'Europe et, en sens inverse, des biens manufacturés tels que du tissu.