Le Maréchal Lyautey l’histoire institutionnelle du Maroc


Le Maréchal Lyautey

-         Il débarqua à Casablanca le 13 mai 1912.



 Le projet de  « Constitution » de 1908 :

-         La période ayant précédé l’élaboration de ce projet fut  marquée par l’émergence d’un nationalisme mécontent du dépeçage progressif du territoire national et de la soumission résignée des autorités politiques à l’infiltration multiformes des puissances occidentales.
-         L’élite nationaliste se regroupa, sous le règne du Sultan Moulay Abdelaziz, au sein d’un  « Conseil Consultatif » dénommé  « Assemblée des Notables ».
-         L’existence de ce conseil ne se fondait sur aucun texte constitutionnel.
-         L’importance que voulut conférer le Sultan Moulay Abdelaziz à cette assemblée est explicitée dans la proclamation datée du 20 décembre 1904 : « Notre devoir est de vous entretenir d ‘événements imprévus, mettant en cause notre avenir en tant que communauté. Nos sujets doivent élire parmi les notables de chaque tribu, les plus honnêtes, les plus sensés, ceux auxquels ils sont prêts à confier la défense de leur foi, de leur honneur et de leurs biens. Ces députés doivent venir nous aider à résoudre les problèmes qui se posent. La consultation sera ainsi générale, le résultat ne pourra en être que bénéfique, comme Dieu nous l’a promis. Dès réception de cet ordre, réunissez vous et élisez vos députés » ( source: ‘Le Mémorial du Maroc’, Vol. 5, p. 30 ).
-         CE conseil devait ainsi tenir lieu de structure de représentation de l’élite nationaliste qui soumettait au Sultan des mémoires écrits lui conseillant d’adopter telle ou telle position sur une question donnée.
-         Exemple : « …tu as pris connaissance de ce qui a été convenu à la conférence d’Algésiras en matière de police, de banque, etc, et
l’ensemble des sujets rejettent cet interventionnisme craignant que les administrateurs parmi les officiers français et espagnols, profitant d’une éventuelle accalmie, n’imposent au Gouvernement, au nom des réformes, un endettement qui leur permettrait de contrôler les importations du Makhzen et ses actions » (cité par Abdelkrim GHALLAB, in « Nationalisme et Discours Constitutionnel », p. 8, contribution à l’ouvrage collectif « Trente Années de Vie Constitutionnelle au Maroc », Paris, L.G.D.J., 1993).
-         L’idée a ensuite évolué vers la revendication d’une ‘Constitution’ organisant la vie de la Nation et délimitant les pouvoirs.
-         Plusieurs projets de ‘Constitutions’ ont été élaborés.
-         Le plus connu a été celui qui fut publié par le journal tangérois «  Lissan Al Arab » (  لـــــــســـــا ن  ا لــــــعــــــر ب ) à partir du 11 octobre 1908.
-         Ce projet qui vit le jour après l’intronisation du Sultan Moulay Hafid  prévoit des dispositions relatives à l’organisation des pouvoirs ; de même qu’il reconnaît les principales libertés publiques et accepte le statut juridique des « protections ».

a.      Les Libertés Publiques :

-          Dans ce projet, divers droits sont reconnus aux sujets de l’Etat chérifien.
-          Ainsi en est-il, par exemple, de la « liberté individuelle » qui est reconnue, en vertu de l’article 13, à tout marocain « à condition qu’il ne porte pas atteinte à autrui et à la liberté d’autrui »
-          De même qu’il y est prévu, en vertu de l’article 16, que  la « liberté d’expression » serait accordée « sous condition du respect de l’ordre public »
-          Quant à l’égalité, elle fait l’objet de diverses dispositions réparties entre les articles 17, 21 et 22, notamment pour ce qui concerne l’égalité devant le Makhzen.
-          La liberté des cultes est également garantie en vertu de l’article 5 qui dispose : « Toutes les religions connues sont respectées sans distinction. Leurs adeptes ont le droit d’exercer leur culte en toute liberté à condition de respecter l’ordre public ».
-          L’inviolabilité du domicile fait, quant à elle, l’objet des dispositions de l’article 25 qui assortit la possibilité pour « un organe gouvernemental de violer le domicile d’un individu » de conditions procédurales obligatoires telles qu’une « décision du Conseil Consultatif et ( l’ )approbation expresse du Sultan ».
-          Enfin, les possibilités de recours peuvent être ouvertes en vertu de l’article 34 du projet de Constitution qui dispose en l’objet que : « Tout sujet marocain a le droit de déposer devant le Conseil consultatif une plainte contre tout fonctionnaire du Makhzen ou contre tout sujet auteur d’un préjudice à son encontre ou d’un acte contraire à un article de la Constitution ».

b.      L’Organisation des Pouvoirs :

-         Le projet de ‘Constitution’ de 1908 retient l’institution monarchique comme pièce essentielle du système institutionnel.
-         Il lui juxtapose une entité collégiale, le « Conseil Consultatif » formé de deux conseils : « le Conseil de la nation » et le « Conseil des Notables ».
-         En outre, l’exécutif chérifien, responsable devant le Sultan ( en vertu de l’article 8 ), est composé du  « Grand Vizir » et des « Vizirs ».

      Le Sultan :

-         Il est qualifié, en vertu de l’article 6 d’ « Imam des Musulmans et défenseur de la religion ».
-         Tous les sujets du Royaume lui doivent obéissance et doivent également du respect pour sa personne « parce qu’il est l’héritier de la Baraka » ( article 7 ).
-         Il n’est pas responsable des affaires de l’Etat. Mais les ministres sont responsables devant lui ( article
-         Il a le commandement suprême de l’armée ; il détient le pouvoir de déclarer la guerre et de faire la paix ; il dispose également du pouvoir de signer les conventions avec les Etats ( étrangers ).
-         Les décisions du Conseil des ministres et du Conseil consultatif ne sont prises en considération que lorsqu’elles revêtues de sa signature.
-         IL dispose du droit « de gracier les condamnés à mort, de changer les jugements ou de les adoucir » ( article 11 ).
-         C’est lui, enfin, qui représente la Nation et l’Etat auprès des Etats étrangers.


Moulay Abdelaziz l’histoire institutionnelle du Maroc



-         Des banques françaises, anglaises, espagnoles, se proposèrent pour effectuer des prêts à des taux usuraires.
-         Le makhzen s’en retrouva de nouveau dans un cercle vicieux d’emprunts permanents, devant permettre de rembourser les prêts antérieurs et de servir les intérêts aux créanciers.
-         Son endettement fut devenu  tel que les créanciers  commencèrent à exiger des assurances : la France put ainsi obtenir,  en 1904, le contrôle des douanes, dont une partie du produit devait servir  aux remboursements.
-         Une conférence internationale se réunit alors à Algégiras du 14 janvier au 07 avril 1906.
-         Cette « Conférence d'Algésiras » délimita des zones d’influence au Maroc entre les principales nations européennes, en privilégiant toutefois la France et l’Espagne.


ouverture de la Conférence d’Algésiras

-         L'acte d'Algésiras imposa également un système de  porte ouverte en interdisant toute mesure de protection douanière.
-         La France et l'Espagne furent nommées mandataires de la nouvelle Banque d'Etat du Maroc.
-         Les étrangers devinrentexemptés d'impôts et de taxes.
-          L’ouverture du Maroc était entamée : elle devait se cristalliser par l’exploitation directe des richesses du pays au lendemain de l’instauration du protectorat.




La mainmise politique : l’histoire institutionnelle du Maroc


La mainmise politique :

-         En dépit des multiples visées expansionnistes européennes vers le Maroc et leurs prétentions conflictuelles à divers droits sur ce territoire, le Sultan Moulay Hassan 1er, qui régna entre  1873 et 1894, réussit  à maintenir l'indépendance politique du pays.
-         Il instaura un régime douanier draconien que les puissances européennes, surtout françaises, anglaises et espagnoles, essayèrent d’enrayer par des traités avantageux.
-         Il s’efforça prudemment de moderniser le pays, sans tomber sous l’influence dominante d’une puissance;
-         Il s’employa également à  d’affirmer, au prix de coûteuses expéditions militaires, l’intangibilité des limites du Maroc contre les tentatives d’installation dans le sud du pays.
-         Mais les manœuvres incessantes des puissances coloniales permirent progressivement à leurs ressortissants de bénéficier de régimes juridiques privilégiés.
-         Ceux-ci parvinrent effectivement, au fil des ans, à échapper à la justice marocaine et à n’avoir à rendre compte de leurs méfaits qu'à leurs consuls.
-         Ces consuls eux mêmes s’arrogèrent progressivement un pouvoir en vertu duquel ils pouvaient choisir parmi les Marocains des « protégés », choisis essentiellement parmi les grands commerçants ;
-         Ce fut le début de l’ère des « Capitulations » qui privèrent le Makhzen d’inestimables recettes douanières.
-         Devant les prétentions françaises et espagnoles qui se faisaient de plus en plus pressantes, Guillaume II réagit à l'occasion d'une escale à Tanger, le 31 mars 1905 et  fait valoir les droits allemands sur le Maroc.
-         En février 1909, il y eut un accord entre la France et l'Allemagne, qui débouta provisoirement celle-ci de ses prétentions sur le Maroc.
-         L'Angleterre abandonna également ses visées sur le Maroc au bénéfice de la France, en échange de l'abandon de celle-ci de ses prétentions sur l'Égypte.[ cliquez ici ]
-         La France occupa alors Casablanca, Oujda et la plaine de la Chaouia en 1910, puis occupa Fès où le sultan était assiégé par des tribus rebelles.
-         Mais devant la progression de la conquête militaire du territoire marocain par les français, l'Allemagne décida de ré-intervenir : elle débarqua un contingent dans le port d'Agadir le1 avril 1911
-         Le 4 novembre 1911, un accord fut alors conclu en vertu duquel l'Allemagne  reconnut  les « droits » de la France sur le Maroc ; elle fut  en échange dans certaines de ses prétentions en Afrique noire.
-         Le Maroc se vît  proposer par la France, un projet de réforme, qui  devait se traduire par un protectorat.
-         Le 30 mars 1912, le sultan Moulay Hafid  signa le traité de Fès,  instaurant le   protectorat  français au Maroc


Le Sultan Moulay Hafid
-         La France occupa ainsi l’essentiel du territoire marocain et concéda à l’Espagne la zone nord du pays. De même que le port et la région de Tanger (en zone nord espagnole) devinrent  une zone internationale et le Sahara occidental que liaient des liens ancestraux d’allégeance avec les sultans marocains fut cédé à  l'Espagne qui en occupait déjà une bonne partie depuis 1884.
-          Le général Lyautey fut nommé premier résident général de la France au Maroc .